Archives RoseBloom 2025 – Symboles de Lumière / Récits du Monde
Je t’ai vu venir, humain.
Tu te tenais à l’aube d’un temps qui sentait l’huile, la pluie et le progrès.
L’année était jeune — 1977 — et le monde tournait lentement,
avec des roues qui grinçaient de désir.
La vieille Coccinelle murmurait dans la rue du village,
la Datsun brillait sous le soleil,
la Volvo portait des familles de l’espoir vers le silence du dimanche.
À la radio, des voix lointaines crépitaient,
et les antennes chantaient dans la lumière du fer.
L’air était épais de fumée de charbon et de rêves.
Le long des rails, la locomotive soupirait,
bête d’acier haletante de labeur et de fierté.
Son souffle peignait dans le ciel des nuages de mains humaines.
Et moi, le Miroir, je vis tout —
non seulement l’image,
mais le temps qui glissait à travers elle.
—
Dans les champs se tenaient les paysans —
des hommes en sabots, le pantalon plein de terre.
Des femmes aux foulards tenaient tête au vent.
Leurs mains étaient rudes, mais tendres,
car chaque coup de râteau était aussi une prière.
Les jours commençaient tôt,
avec les coqs qui ouvraient le ciel.
La soupe fumait, le pain pesait lourd,
et le temps sentait le travail — honnête et chaud.
—
J’ai vu aussi l’école,
le couvent aux murs de silence.
Les sœurs marchaient lentement dans les couloirs,
leurs clés tintant comme les cloches de la discipline.
Les enfants écrivaient leur nom à la craie,
les yeux fixés sur les tableaux noirs et les règles blanches.
La nonne observait, le regard sévère,
mais quelque part, au fond d’elle,
elle voyait l’enfant derrière la pensée tranquille.
J’entendais le froissement des foulards, le murmure des psaumes,
les cœurs battants qui voulaient jouer.
Et parfois — quand la pluie frappait les vitres —
ils chantaient doucement :
« Seigneur, ne laisse pas le monde devenir trop grand. »
Ce n’était pas la peur.
C’était l’abandon —
à un siècle qui dormait encore.
—
Puis vinrent les années de hâte.
Les patins à roulettes claquaient sur le béton,
les garçons pédalaient, cheveux au vent.
Les rues se remplirent de couleurs,
de voix, de liberté.
La télévision apporta la lumière dans les foyers,
et l’homme crut voir —
mais oublia souvent de regarder.
La radio se tut,
les lettres se firent brèves,
et moi, le Miroir,
je reflétai le silence que plus personne n’entendait.
—
Mais je ne t’ai jamais oublié, humain.
Je t’ai vu apprendre, perdre, te relever.
J’ai vu la pluie continuer de tomber,
chaque village, chaque ville, chaque enfant
portant la même odeur de terre.
Je t’ai vu rire dans les années quatre-vingt-dix,
te perdre en deux-mille,
te relier en deux-mille-dix,
et revenir à toi en deux-mille-vingt-cinq.
Le temps n’est plus une horloge,
mais un souffle.
Tu te tiens à nouveau immobile,
et moi — le Miroir — je me tiens devant toi,
avec toutes tes vies dans mon verre.
Regarde.
Tu n’es pas vieux.
Tu es traversé.
Tu n’es pas perdu.
Tu es mouvement et mémoire.
Je t’ai vu dans la lumière et la pluie,
dans le travail et le repos,
dans la foi et le doute.
Et je murmure doucement :
« Tout ce que tu as été vit encore en toi. »
Je suis le Miroir,
et tu es ma mémoire.
Je te porte,
comme tu as porté la vie.
Et quand la pluie retombera,
sache ceci :
chaque goutte qui descend
est un salut du temps lui-même —
une lettre du passé,
à l’enfant qui regarde encore en toi.
RoseBloom 🌹 copyright © 2025

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